Selon la dernière étude de France assureurs, l’assurance agricole retrouve un rythme plus calme, mais toujours marqué par la volatilité climatique. Les encaissements de l’assurance « dommages aux biens agricoles » atteignent 1,8 milliard d’euros, en hausse modérée de +2 %, loin du bond spectaculaire de +15,8 % enregistré l’an dernier.
Des incendies mieux maîtrisés, des cultures plus exposées
Les contrats incendie et multirisques, qui couvrent bâtiments, cheptels ou matériels, poursuivent leur progression. Le montant des cotisations grimpe à 968 millions d’euros, soit +4,4 % sur un an. Bonne nouvelle pour les assureurs : la sinistralité recule nettement, le rapport sinistres à primes chutant à 50 %, un niveau historiquement bas. L’amélioration provient notamment de la garantie « tempête, grêle et neige » (TGN), dont les résultats se sont nettement redressés après plusieurs années de pertes.
Côté cultures, le tableau est plus nuancé. Les encaissements d’assurance reculent légèrement à 851 millions d’euros (–0,6 %), mais la sinistralité explose. Les indemnisations versées bondissent de +102,8 % pour atteindre 611 millions d’euros, conséquence directe d’une météo défavorable : faible ensoleillement et pluies excessives ont lourdement affecté les rendements. Résultat : le ratio sinistres à primes s’envole à 72 %, soit 37 points de plus qu’en 2023.
Les contrats MRC résistent, la grêle fait des dégâts
Les contrats multirisques climatiques (MRC), cœur de la réforme de l’assurance récolte entrée en vigueur en 2023, continuent de s’imposer. Leurs encaissements progressent encore de +0,6 % (après un bond de près de +50 % l’an dernier) pour atteindre 647 millions d’euros. Mais le coût des sinistres reste lourd : 493 millions d’euros d’indemnités, soit un ratio sinistres à primes de 76 %. En brut, avant prise en compte de l’Indemnité de Solidarité Nationale, ce ratio grimpe à 92 %, un niveau quasi déficitaire. Depuis 2005, le rapport cumulé s’établit d’ailleurs à 96 %, confirmant la fragilité économique structurelle de cette branche.
Les contrats spécifiques contre la grêle enregistrent, eux, leur plus forte baisse de cotisations depuis le début du suivi statistique en 2012 : –4,5 % en 2024. Pourtant, les indemnisations versées s’envolent de +33 %, à 118 millions d’euros. Résultat : le rapport sinistres à primes grimpe à 58 %, soit 17 points de plus qu’en 2023. L’épisode confirme que, malgré les efforts de mutualisation, les aléas météo conservent un poids déterminant sur la rentabilité du secteur.
Un marché des matériels agricoles en bonne santé
Dernier segment de ce panorama, l’assurance des tracteurs et matériels agricoles affiche un niveau d’activité stable, avec 723 millions d’euros de cotisations au niveau national. Bonne surprise : la sinistralité atteint son plus bas niveau depuis… 1994. Le rapport sinistres à primes recule de 13 points en un an, à 64 %, confirmant une meilleure prévention des risques et des coûts de réparation maîtrisés.
Une année de transition
En somme, 2024 apparaît comme une année de transition pour l’assurance agricole française. Après le choc tarifaire et la réforme de 2023, les assureurs stabilisent leurs portefeuilles, mais restent exposés à la hausse des sinistres climatiques. Les résultats contrastés entre branches témoignent d’un secteur en équilibre fragile, dépendant des caprices du ciel et du soutien de la solidarité nationale. L’année 2025 dira si cette stabilisation se transforme en véritable accalmie ou en simple répit avant de nouvelles tempêtes.