Le baromètre annuel de Ramify et OpinionWay met en lumière un paradoxe dans les comportements financiers des Français. Majoritairement attachés à la sécurité, ils manifestent une curiosité croissante pour le private equity, surtout parmi les jeunes générations. Mais la complexité perçue et les tickets d’entrée élevés freinent encore une véritable démocratisation.
La sécurité avant tout, mais l’attrait du non coté grandit
Dans un environnement marqué par l’instabilité géopolitique et la volatilité des marchés, 83 % des Français privilégient des placements prudents, quitte à renoncer à des gains plus élevés. Cette quête de sécurité se traduit par une baisse de l’appétence pour la diversification (60 %, -5 points sur un an) et pour les produits fiscaux (70 %, -7 points). L’assurance-vie reste l’enveloppe reine, citée par 72 % des sondés, un niveau encore renforcé chez les femmes et les jeunes.
Pourtant, derrière cette prudence, un intérêt croissant se dessine pour le private equity, en particulier chez les moins de 35 ans. Alors que la notoriété globale de cette classe d’actifs recule (42 %, -10 points en un an), elle atteint 61 % chez les jeunes générations, un écart de près de 20 points avec la moyenne. Cette tendance est encore plus marquée lorsqu’il s’agit d’actifs alternatifs : 70 % des jeunes identifient les produits structurés (contre 42 % du panel), 63 % connaissent la dette privée (contre 40 %) et 64 % citent les ETF (contre 39 %).
Signe que l’information joue un rôle clé, 66 % des épargnants qui déclarent bien connaître le private equity envisagent d’y investir dans les prochains mois, contre seulement un tiers de l’ensemble des répondants. Autrement dit, la pédagogie et la transparence apparaissent comme des leviers essentiels pour élargir la base des investisseurs.
Une classe d’actifs entre performance, freins et réformes
L’image du private equity évolue. Longtemps perçu comme un placement concret permettant de soutenir l’économie réelle, il est désormais davantage associé à la diversification (31 %, +7 points) et au rendement (26 %, +8 points). Chez les moins de 35 ans, cette bascule est encore plus nette : seuls 26 % mettent en avant l’investissement dans l’économie réelle, contre 34 % qui valorisent la diversification et 29 % qui insistent sur la performance. La dimension de transparence progresse également auprès des jeunes (26 %, contre 13 % en moyenne).
Mais les freins restent puissants. 84 % des épargnants jugent le private equity trop complexe et 67 % estiment que le ticket d’entrée est trop élevé. Autant de barrières qui maintiennent ce marché dans une image d’élitisme, malgré un intérêt croissant. Le manque de recul historique et l’attachement aux produits classiques continuent également de peser.
Pour Olivier Herbout, cofondateur de Ramify, « ce baromètre met en évidence un paradoxe : les investisseurs français restent prudents et attachés aux placements traditionnels, mais manifestent une curiosité croissante pour le private equity, en particulier chez les jeunes générations. Or, les freins identifiés – tickets d’entrée, complexité, accessibilité – sont précisément ceux que les réformes récentes cherchent à lever ».
Ces réformes incluent l’entrée en vigueur d’ELTIF 2.0 (European Long-Term Investment Fund), qui rend les fonds plus accessibles aux particuliers, et la Loi Industrie Verte, qui encourage l’investissement dans l’économie réelle. Ces dispositifs visent à rendre le non coté plus lisible, plus liquide et plus abordable, en phase avec les attentes d’épargnants qui réclament indépendance et contrôle (88 % souhaitent gérer eux-mêmes leur patrimoine, avec assistance ponctuelle si besoin).
Ainsi, le private equity se trouve aujourd’hui au croisement de deux dynamiques contradictoires : la prudence des épargnants, renforcée par la conjoncture, et leur curiosité croissante pour des placements alternatifs plus performants. La pédagogie et la simplification réglementaire seront les clés de sa démocratisation réelle.
Sources : Baromètre Ramify/OpinionWay 2025